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CAMPAGNES SOLIDAIRES
02.03.2016

Des oies au Capitole pour donner l'alerte

02.03.2016 -

Toulouse, le 21 février : La mobilisation des paysan·ne·s, des animateurs et des animatrices des Confédérations paysannes du Sud-Ouest a assuré le succès de la journée sur la place du Capitole, autour des stands de produits fermiers, du grand banquet et d'une conférence très suivie.

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, une interview de Sylvie Colas sur la journée organisée à Toulouse pour alerter des menaces pesant sur la production avicole fermière.



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Eleveuse de volailles, Sylvie Colas participait le 21 février, sur la place du Capitole à Toulouse, à une journée militante et festive organisée par les Confédérations paysannes du Sud-Ouest pour alerter des menaces pesant sur la production avicole fermière.

Campagnes solidaires : Pourquoi une telle manifestation ?

Sylvie Colas : Il y a fort longtemps, les oies du Capitole ont donné l'alerte et sauvé Rome de la destruction. Nous avons fait de même pour tenter de sauver les élevages de volailles fermières. Les cas de grippe aviaire détectés sur des élevages de canards du Sud-Ouest depuis la fin 2015 (1) ont amené les pouvoirs publics français à prendre des mesures qui visent d'abord à rassurer la clientèle des grosses unités de production destinée en  grande partie à l'exportation. Le projet d'arrêté de biosécurité qui doit être mis en place en juillet imposerait des mesures non seulement inadaptées aux petits élevages de volailles, mais il les mettrait en grand danger. Ce projet veut nous amener à des système d'élevage en bande unique, avec des vides sanitaires importants, des sas à l'entrée de chaque bâtiments, etc. C'est impossible à mettre en oeuvre chez moi : en vente directe, j'élève en permanence des canards à rôtir, mais aussi des poulets et des pintades. Les lots sont séparés, chacun dans une cabane mobile, avec en tout une quinzaine de cabanes. Dans ce mode de production, on ne vend pas d'animaux vivants, alors que le virus de la grippe aviaire se transmet essentiellement lors du transport d'animaux vivants, transports fréquents dans l'élevage industriel – avec parfois des sites de 35 000 canards - où on passe d'une unité spécialisée à l'autre, à des kilomètres les unes des autres (accouvoir, démarrage, élevage et gavage, abattage).
Sur nos élevages, depuis le temps qu'on pratique – ça fait 30 ans pour moi – on n'a pas de problème sanitaire. Notre production est déjà bien tracée. Pour les poulets, je dois respecter des normes contre les risques de salmonelles, et comme je suis en bio, je dois aussi respecter un cahier des charges strict, avec des contrôles sur la ferme tous les trois mois par mon organisme de certification. Rien à voir avec les gros élevages qui sont de moins en moins contrôlés par les services publics sanitaires, faute de moyens.
Avec les mesures prises actuellement pour la grippe aviaire, on va aussi avoir plus de papiers à remplir et du temps à passer à les remplir. Pour rien, donc.
Il fallait vraiment donner l'alerte : nous ne sommes pas la cause du problème et ce sont pourtant nos petits élevages fermiers qui sont les plus menacés de disparition par les contraintes insupportables que l'Etat veut nous faire subir. Il faut d'ici juillet obtenir la reconnaissance de la spécificité de la production avicole fermière, qu'elle soit exemptée des mesures de biosécurité destinées aux gros élevages.

Quels sont les impacts sur ta ferme des décisions prises par les pouvoirs publics ?

Depuis le 18 janvier, je ne peux plus rentrer de canetons pour ma production de canard à rôtir en vente directe. Je ne pourrai en rentrer qu'en mai, et encore si j'en trouve puisque ça va être la course avec tous les élevages qui vont en vouloir en même temps. Je vais ainsi rater quatre lots, soit 500 canards et 10 000 euros en moins.
Autre problème : Grimaud France - qui produit 90 % des canetons du pays - ne voulait déjà plus livrer les petits élevages et nous passions par des livreurs sous-traitants. Mais avec les mesures de biosécurité, avec un protocole long et complexe, on risque de ne plus trouver quelqu'un qui voudra passer beaucoup de temps – se changer, désinfecter, remplir des papiers... - pour livrer quelques dizaines ou centaines de canetons ici ou là dans le pays.
Encore un autre problème : avec les mesures projetées, il faudra que je me change complètement avant d'entrer dans chaque bâtiment pour aller donner à manger aux animaux. Comme j'ai 15 bâtiments – et qu'il faudra toujours séparer les lots ainsi – il faudra que je me change 15 fois chaque matin ! Qui pourra supporter ça ? Pour rien en plus, pour de l'enfumage destiné à sauver des marchés à l'export de l'agro-industrie...


Propos recueillis par Benoît Ducasse


(1) Au 25 février, 72 foyers d'influenza aviaire hautement pathogène pour les volailles avaient été détectés dans 8 départements du Sud-Ouest de la France.

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