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VOLAILLE
22.06.2017

Lettre ouverte - Influenza aviaire : nous n’accepterons pas l’industrialisation de nos métiers !

Lettre ouverte au ministre de l'agriculture concernant la crise liée à l’influenza aviaire qui touche les paysans du Sud-Ouest

Lettre ouverte au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation
 


Influenza aviaire : nous n'accepterons pas l'industrialisation de nos métiers !


Monsieur le Ministre,

Les paysans du Sud-Ouest subissent la deuxième crise liée à l'influenza aviaire. Leur situation est intenable, les perspectives pour l'avenir sont sombres. A l'attente des indemnisations s'ajoute l'incompréhension des politiques sanitaires mises en place.

Le président de l'interprofession du foie gras a été reçu par le ministre de l'Agriculture. Nous souhaitons interpeller à notre tour les pouvoirs publics, par lettre ouverte, pour que la diversité des points de vue concernant cette crise majeure que traverse l'élevage de volailles soit connue.

Contrairement à ce qui est affirmé par l'industrie agroalimentaire et les filières exportatrices, les causes de l'ampleur de cette crise ne sont ni dans l'élevage de plein air ni du côté de la faune sauvage. Si quelques foyers sont dus à une contamination par la faune sauvage, l'immense majorité des cas provient d'une contamination lors du transport d'animaux vivants ou à cause de l'extrême densité de palmipèdes sur certains territoires. La propagation de l'influenza aviaire est bien due à l'intensification et à la segmentation de la production de foie gras. Le PACTE signé allait bien dans ce sens, et reconnaissait le risque différencié des exploitations selon leur modèle de production.

C'est pourquoi, nous sommes étonnés des propositions qui sont faites et des options qui sont prises récemment :

·         Les modifications proposées concernant le renforcement des mesures de biosécurité pour le maillon de la production vont dans le sens de l'industrialisation des fermes et du métier d'éleveurs de volailles, au lieu d'aller dans le sens de la sécurisation des pratiques paysannes. Nous constatons en effet encore plus d'obligation de moyens (obligation d'avoir en zone publique : une aire de stationnement, une aire bétonnée ou stabilisée pour l'équarrissage, obligation de couvrir d'un toit les dispositifs d'alimentation qui ne sont pas dans un bâtiment, pas de matériel partagé entre deux UP de PAG en élevage, interdiction du chien) sans considérer le type d'exploitation et le mode d'élevage, et donc le risque différencié.

…/…

·         Un couvoir de races à faibles effectifs est aujourd'hui menacé d'abattage. Ces animaux analysés séropositifs ne sont pas malades, ils sont au contraire immunisés et n'ont pas développé de signes cliniques. Pour sauver la race et l'entreprise, il est nécessaire de proposer un protocole d'analyses permettant de sécuriser la production de cannetons sans abattage. Les tentatives d'intimidation dans un contexte d'acharnement policier sont tout simplement incompréhensibles.

·         Aussi, nous nous inquiétons du futur accord interprofessionnel que prépare le CIFOG et que vous choisirez d'étendre ou non. Dans cet accord, un audit de tous les élevages de palmipèdes serait organisé. La grille de contrôle va bien au-delà de la réglementation : ces contrôles signeront la fin des élevages traditionnels, autarciques, en circuit-court. Nous n'accepterons pas d'être contrôlés par cette interprofession qui ne représente pas les élevages indépendants mais bien les intérêts des grands groupes exportateurs.

·         Enfin nous nous interrogeons sur le respect des procédures de consultation : à la dernière minute l'ordre du jour du CNOPSAV Santé Animale a été changé. Contrairement à ce qui est prévu nous n'avons pas pu donner notre avis sur les propositions de l'administration. Nous veillerons à ce que le CNOPSAV garde toute sa place sur le dossier de l'influenza aviaire.

L'avenir d'une foule de petits producteurs est aujourd'hui suspendu à des discussions qui ont lieu loin de chez eux et qui ne se sentent pas représentés par le CIFOG. L'image de la filière passe nécessairement par l'élevage de plein air, respectueux des animaux et de l'environnement, rémunérateurs pour les producteurs. Nous vous invitons, Monsieur le ministre à prendre en compte tous les modes de productions et tous les acteurs œuvrant sur le terrain.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l'expression de nos salutations les plus distingués.

 


Laurent Pinatel
Porte-parole national de la Confédération paysanne

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