Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.

C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.

C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.

Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation...

Campagnes solidaires, notre, votre journal, tente chaque mois de restituer les résistances et les espoirs de ces luttes. Nous avons besoin de vous pour continuer ce combat.

	Le numéro du mois n° 411 - décembre 2024
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Dossier

La terre au cœur des luttes paysannes

I. Intro.

Par Thomas Gibert, secrétaire national

La question foncière est au cœur du projet politique de la Confédération paysanne, car il s'agit de notre principal outil de travail. L'accès à la terre pour un maximum de paysan·nes est un droit que nous défendons depuis la création de notre syndicat. Ce combat était également le fer de lance des mouvements paysans dont nous héritons.
C'est pourquoi, même si beaucoup reste à faire, la France est aujourd'hui l'un des rares pays à disposer d'une politique de régulation du foncier, qui a permis de limiter la spéculation et l'accaparement des terres par quelques firmes.

Mais soyons clairs : ces outils de régulation, dans leur état actuel, ne suffisent pas. Nous faisons face à un effondrement du nombre de paysan·nes. En effet, quelques agrimanagers ont trouvé des moyens détournés pour assouvir leur insatiable appétit et contourner les règles communes d'attribution des terres. L'exemple le plus criant est celui d'Arnaud Rousseau, président de la FNSEA*, qui, grâce à de sombres montages sociétaires, a réussi à contourner le contrôle des structures pour se retrouver à la tête d'un empire de 700 hectares. N'oublions pas que pour parvenir à ses fins, il a forcément évincé de nombreux projets d'installation !
Prenons bien la mesure des enjeux : si le monde paysan continue de faire confiance aux dirigeants du syndicat majoritaire, nous serons rapidement remplacé·es par quelques firmes dans lesquelles travailleront des salarié·es surprécarisé·es.

La terre est également mise à mal par de nombreux projets d'urbanisation en tout genre. Chaque année, sur la décennie 2011-2021, 24 000 hectares d'espaces naturels, agricoles et forestiers sont consommés en France, soit près de cinq terrains de football par heure ! Sur cette question, nous sommes bien le seul syndicat à défendre tous les paysannes et paysans menacés d'expulsion de leurs terres par des projets de bétonisation.
Nous défendons la souveraineté alimentaire et avons pleinement conscience que la lutte contre l'artificialisation des terres et la défense de leurs travailleur·euses sont des priorités. Nos combats contre les nouveaux risques pesant sur l'usage des terres, comme les détournements liés aux mécanismes de compensation (carbone et biodiversité) ou au réensauvagement, témoignent de notre vigilance constante.

À travers ce dossier, nous verrons que notre syndicat se bat sur l'ensemble du territoire pour une politique foncière ambitieuse, pour un avenir paysan enviable, avec de nombreux voisin·es, des campagnes vivantes, dynamiques, accueillantes et solidaires. Alors, fin janvier, soyons fermes : votons Confédération paysanne.