Chien de protection : l’urgence d’un statut juridique
La Confédération paysanne alerte depuis plusieurs années sur le défaut de statut juridique des chiens de protection. Très régulièrement, des éleveur·euses nous sollicitent pour des conflits liés à la mise en place des chiens de protection, auxiliaires indispensables pour la protection de leur troupeau contre les prédateurs. Ce défaut de statut juridique avait d'ailleurs été pointé du doigt en 2020 dans le rapport[1] des députées Bénédicte Taurine et Pascale Boyer à l'issue d'un groupe de travail sur le bilan de l'efficacité et des difficultés générées par l'utilisation des chiens de troupeaux.
Le premier rôle de ces chiens consiste à éloigner tout danger potentiel approchant le troupeau, notamment en aboyant, comportement tout à fait légitime d'un chien de protection au travail. Les plaintes et les conflits de voisinage ne cessent pourtant de se multiplier. Des éleveur·euses se retrouvent ainsi face aux gendarmes, face à des maires qui refusent l'accès des chiens de protection aux parcelles communales, et poursuivis en justice, comme aujourd'hui, pour un conflit de voisinage.
La généralisation de l'usage des chiens de protection, qui répond à l'avancée des grands prédateurs bientôt sur tout le territoire, est imposée de fait par l'État et l'Union européenne pour lutter contre la prédation. Nous, paysan·nes, avons été les premiers à adapter nos pratiques face aux prédateurs. Plus de 6000 chiens de protection protègent les troupeaux en France aujourd'hui.
La prédation gagnant du terrain sur tout le territoire national, il est indispensable que la communication sur les chiens de protection ne se limite pas aux seuls territoires de montagne mais aussi en zone de plaine, comme aujourd'hui dans la Nièvre, où l'élevage est présent toute l'année. La formation, la médiation et la communication sur les chiens de protection sont des outils indispensables qui doivent se développer et être réellement considérés. Il est également urgent que la présence des loups sur les territoires soit communiquée de manière plus visible afin que la société ait conscience des contraintes que cela enjoint.
Au vu de l'ampleur que prend la situation en France, l'État doit accélérer le projet de statut des chiens de protection car la question de la prédation concerne et implique la société dans son ensemble. Il est inacceptable de laisser les éleveur·euses en gérer seuls·es les conséquences !