Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.
C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.
C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.
Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation...
Campagnes solidaires, notre, votre journal, tente chaque mois de restituer les résistances et les espoirs de ces luttes. Nous avons besoin de vous pour continuer ce combat.
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EditorialLa voix paysanne pour des campagnes vivantes
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Nous sommes, en cette fin novembre, probablement à la fin médiatique du deuxième acte de l'expression de la colère agricole. Les tracteurs sont sortis, quelques barrages maintenus, et des institutions comme l'Office français de la biodiversité (OFB) prises pour cible, bien qu'aucun lien réel n'existe avec la nature profonde du malaise agricole.
Pourtant, rien n'est réglé. L'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur***** a été utilisé comme prétexte pour alimenter cette course à l'échalote, qui n'avait d'autre motivation que d'être celui qui cri le plus fort dans le contexte des élections professionnelles agricoles. Cette agitation a également préparé les consciences à accepter un détricotage supplémentaire des normes sociales et environnementales.
La proposition de loi portée par le député Laurent Duplomb (1) illustre la volonté stratégique du syndicat majoritaire dans ce moment politique. Cette proposition de loi est une caricature du pire : fin de la séparation entre la vente et le conseil pour les pesticides, autorisation des drones pour pulvérisation, pouvoir donné au ministre de l'Agriculture pour passer outre les avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), assouplissement des règles sur les ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement), et facilitation de la construction d'ouvrages de stockage d'eau.
Ces mesures ne font qu'accélérer l'industrialisation et la concentration des fermes, en augmentant la compétitivité au détriment des plus fragiles, souvent les moins soutenus par les aides publiques. Les conséquences sont terribles : disparition des petites fermes, destruction des paysages, des habitats, pollution des sols, de l'air, de l'eau et de nos corps.
Ce terreau mortifère est alimenté par des campagnes d'agribashing, brandies comme des chiffons rouges pour maintenir l'illusion d'une unité agricole. En réalité, ces stratégies dissimulent une agriculture en mutation, fragilisée par une compétition exacerbée. Les conséquences sont dramatiques : colère, repli sur soi, réflexes corporatistes et nationalistes.
Face à ces défis, la Confédération paysanne tient bon. Cohérente, lucide et constante dans ses combats, elle s'oppose à tous les accords de libre-échange, milite pour une rémunération juste, un métier porteur de sens, une alimentation de qualité, et un monde solidaire et vivable.
La pugnacité des confédéré·es est visible partout : dans les mobilisations locales et nationales, les fêtes paysannes, et les campagnes électorales. Qu'ils ou elles soient en métropole ou dans les territoires d'outre-mer, les membres de la Confédération portent un engagement commun, une vision collective et solidaire, à rebours des réflexes individualistes et libéraux.
Nous pouvons être fier·es de la Confédération paysanne, de notre Conf', qui construit une union paysanne pour une agriculture moderne, ouverte et inclusive. Chaque porteur·euse de drapeau porte la voix paysanne pour des campagnes vivantes. Collectivement, soyons fermes.
(1) Le texte était en discussion au Sénat fin novembre, avec des séances publiques prévues les 17 et 18 décembre 2024
Stéphane Galais,
secrétaire national
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