Home > Actualités > Palestine : pays de paysan·nes sans terre
Partager sur :
CAMPAGNES SOLIDAIRES
16.12.2023

Palestine : pays de paysan·nes sans terre

19.12.2023 -
L'attaque meurtrière du sept octobre a été condamnée fort justement comme un acte de guerre horrible. Le Hamas a visé des civils dans des colonies israéliennes. Une nouvelle page du conflit s'est tournée entraînant une répression sans égale dans la bande de Gaza avec de nombreux.ses mort.es, blessé.es et de considérables destructions d'habitations, d’infrastructures de toutes sortes et un déplacement massif de la population dans un espace déjà surpeuplé. Pris dans une émotion d'effroi de toutes parts, on doit comprendre pourquoi ce conflit qui dure depuis plus de 75 ans ne cesse de générer de terribles violences sans jamais trouver le chemin de la paix.

La Palestine fut de temps très ancien un pays agricole et pastoral. Les premières céréales cultivées y faisaient leur apparition il y a 23 000 ans. En 1969, 50% des emplois se trouvaient dans l'agriculture, il n'en reste que 6,5 % en 2022. La colonisation d'une grande partie du territoire a évidemment eu des répercussions catastrophiques pour l'agriculture palestinienne et sa souveraineté alimentaire. Parmi les cinq millions de réfugié.es nombre d'entre eux sont des familles de paysan.nes se retrouvant sans terre et sans eau.Iels se trouvent souvent en dépendance d'Israël pour la fourniture d'intrants et pour pouvoir commercialiser leur récolte. Les accès aux champs ou aux oliveraies sont parfois coupés ou détournés par l'armée israélienne. 800 000 oliviers ont été arrachés pour raison de sécurité.

La riche vallée du Jourdain, en Cisjordanie, voit aujourd'hui 86 % de ses terres agricoles occupées par des colons israéliens. Depuis 2005 l'accès de cette vallée est sévèrement contrôlé et interdit aux Palestinien.nes non-résident.es dans la vallée. 60 000 personnes se retrouvent sous domination de 13 000 colons. On ne dénombre pas moins de 38 colonies illégales, mais soutenues par le gouvernement de l'État hébreu. Ainsi des paysan.nes se retrouvent prolétarisé.es, ouvrier.es agricoles sur leurs propres terres. L'eau du Jourdain et des puits a été également confisquée et parfois revendue huit fois plus cher que dans le reste de la Cisjordanie. L'eau y manque pour les cultures et l'élevage. On estime que la consommation journalière des colons en eau est dix fois plus élevée que celle des Palestinien.nes.

Au gré des conflits ou des simples ordonnances civiles ou militaires d'Israël, de nombreuses bergeries, citernes et habitations sont détruites. Ainsi, 40 000 Palestinien.nes de la vallée du Jourdain ont été "déplacé.es". Le phénomène s'est amplifié depuis 2020 avec l'arrivée au pouvoir du parti de Netanyaou (1) allié à l'extrême droite. Ainsi, la superficie agricole de la Palestine n'est plus que de 100 000 ha (elle était de 170 000 ha en 1997).

Résister par l'agriculture

Avant la dislocation des territoires palestiniens, la diversité des terroirs permettait une quasi-autonomie alimentaire. Céréales et oliviers prédominaient dans la région de Naplouse, Tulkarem et Ramallah, les vignes dans celle d'Hébron et les produits issus de l'élevage dans tout le pays. Les vignes couvraient 12 % de la surface agricole soit 7000 ha, elles produisaient 50 000 tonnes de raisins et faisaient vivre 10 000 personnes. Comme pour la récolte des olives, les vendanges sont des moments importants qui réunissent les familles et les ami.es, l'État d'Israël perturbe les récoltes en empêchant les déplacements, voir même en détruisant des récoltes.La plupart des exploitations étaient de taille modeste, 75 % cultivant moins d'un hectare. Peu de femmes sont propriétaires des terres cultivées, mais elles jouent un rôle majeur dans l'agriculture palestinienne passée et actuelle. Aujourd'hui l'agriculture palestinienne représente encore 4 % du PIB*, mais elle est importante surtout en matière d'autoconsommation.L'enjeu agricole est économique, politique et culturel pour les Palestinien.nes, c'est une activité symbolique de résistance. Hélas, elle l'est tout autant pour les colons israéliens partisans du "Grand Israël" pour lesquels prendre les terres c'est avant tout les cultiver.

Des terres, parfois de bonne valeur agronomique, sont rendues inaccessibles aux agriculteur.ices. Comme elles ne sont pas cultivées, elles sont cédées légalement aux colons sous des prétextes environnementaux. Israël interdit aussi des cueillettes de plantes ou l'accès au pâturage des animaux. Pour construire un bâtiment agricole ou la moindre serre, il faut une autorisation.80 % des eaux de nappes souterraines sont dévolues à Israël malgré le fait qu'elles soient localisées à 75 % en Cisjordanie.

Le Palestinian agriculture relief committies (Parc)(1) travaille au développement de l'agriculture avec pour objectif premier l'indépendance vis-à-vis d'Israël. Il est investi dans de nombreux projets agricoles et a mis en service 3 500 kms de routes agricoles et réhabilité 11 000 ha de terres avec succès.L'UAWC (2) est le syndicat palestinien membre de La Via Campesina. L'organisation œuvre sur tout le territoire palestinien comme le Parc pour soutenir la sauvegarde des terres et des ressources en eau. Une banque de semences palestiniennes a été mise en place et incite les paysans à s'engager dans l'agroécologie et l'autonomie paysanne. L'organisation lutte pour l'amélioration des conditions de vie des paysan.nes et contre la paupérisation dont iels sont victimes avec la colonisation et le libéralisme. Au sein de la société palestinienne, la reconnaissance du travail des femmes est une préoccupation majeure.

Depuis le sept octobre, la liste des mort.es, des blessé.es ne fait que s'allonger. Nous déplorons de nombreux.ses militant.es ou travailleur.euses de l'UAWC victimes dans la bande de Gaza. Les destructions sont immenses, les paysan.nes auront besoin de toute notre solidarité pour se relever et reprendre espoir.

(1) https://pal-arc.org/en

(2) https://www.uawc-pal.org/

TROUVEZ UNE CONF'
CAMPAGNES SOLIDAIRES
NOUS CONTACTER Mentions légales
Copyright 2018 - Tous droits réservés - Confédération paysanne
104 Rue Robespierre, 93170 Bagnolet - Tél +33 1 43 62 04 04